Le Serment oublié - تكنو بلس

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Le Serment oublié - تكنو بلس, اليوم الخميس 15 مايو 2025 01:13 مساءً

Serena Rassam

 

 

 

Tout écrivain le sait, sa plume l’accompagne dans toutes les phases de sa vie. Finement ciselée et affûtée au fil de ses expériences, elle retrace avec vigueur et pudeur les contours de son chemin.

A travers la courbure des lettres et la profondeur des mots, elle dessine fidèlement l’œuvre de sa vie. Je n’ai pas l’habitude d’écrire sur cet aspect de la mienne, bien que je dise souvent que je suis femme de sciences le jour, femme de lettres la nuit. Mais il mérite d’être éclairé, tant il y a de choses à dire, des vérités qu’on pense tout bas mais qu’on ne dit pas tout haut….

Après la politique, la société, le Liban, permettez-moi de vous parler de la médecine. Il est aisé de tomber dans les nombreux pièges tendus sur le chemin, de s’égarer, d’être aveuglé par les lumières du succès, au point de laisser brûler nos ailes sous les feux des projecteurs.

Il est commun de se laisser porter par l’orgueil au point d’oublier d’où l’on vient, de succomber au charme du soi-disant prestige de la profession, de finir par croire que le médecin est surhumain.

Le matérialisme d’un côté, l’individualisme de l’autre, la corruption qui gangrène jusqu’à la nécrose le monde du travail et l’esprit des hommes, les maux de notre époque sont innombrables. Le médecin est un guérisseur, certes, mais pas il est impuissant face à ces derniers. 

Comme il vaut mieux prévenir que guérir, il est temps de dépister les tumeurs précoces qui s’infiltrent dans le sillage des cliniciens, et de pointer par des mots bien visibles, ces maux invisibles.

La première étant le culte du diplôme. Même s’ils sont gage de confiance pour les patients, ils ne reflètent pas directement la valeur du médecin. On peut accumuler des titres pour le plaisir de les voir, on peut les collectionner pour orner un nom et décorer un mur, mais en réalité, sans compétence approfondie comme socle et sans passion brûlante comme force motrice, sans intégrité et sans noblesse, ils sont peu significatifs.

Victimes de l’académisme, qui est à la science ce que les Borgia étaient à la religion, certains praticiens n’ont d’yeux que pour les rangs, les chiffres, et leur image, négligeant le véritable sens de leur quête. Ils présentent une envie fiévreuse d’arriver au sommet, quel que soit le prix de leur ascension. Pourtant, on a tout à vivre, et rien à prouver. 

Le pire déshonneur est de porter un titre sans en être digne. La pire erreur est de se lancer dans une carrière sans être à la hauteur de ses sacrifices. Une vocation exercée sans passion devient malheureusement la plus prisée des prisons. Dans la même mesure que la science sans conscience n’est que ruine de l’âme comme le disait Rabelais, un médecin sans valeurs n’a aucune valeur. Il faut abolir la mercantilisation de la médecine.

Dévoyée, cette vocation l’est à tant d’égards. Escortés par le bruit de fond et emportés par l’effet de masse, bon nombre de médecins sont devenus apathiques, soignant au tarif, vivant sous perfusion du prestige. Devenue méconnaissable à cause de certains guidés par l’appât du gain, et d’autres obsédés par la reconnaissance sociale, le vrai sens de la mission semble galvaudé. Avant d’être médecin, il faut d’abord être humain.

Sans humilité, on ne peut avoir de la dignité. Sans compassion, on ne peut qu’inspirer de l’aversion. Le maître mot du métier est le service. C’est cela qui fait la grandeur de l’homme : être capable de s’engager et d’engager sa vie sur une parole donnée.

Être animé par la grandeur du devoir et la portée de la mission. Être au chevet du malade, faire de son mieux pour préserver sa vie, le soutenir comme Simon de Cyrène quand on ne peut plus le guérir comme Jésus.

Être habité par cette envie d’apprendre, sans cesse, des encyclopédies, de la vie, de soi-même surtout. Ne jamais cesser d’être émerveillé par le miracle qu’est le corps humain, par le génie de Dieu dans sa création. Avoir le doigt sur le pouls du monde, et le cœur sur la main. Donner de soi-même pour guérir, le faire avec amour, force et foi, et il s’attachera sûrement à notre nom le souvenir de quelque chose de grandiose.

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